Par Sinaseli Tshibwabwa, Ph. D.
En biologie, le dimorphisme sexuel désigne une propriété qu’ont certains organismes de se présenter sous deux formes différentes du point de vue sexuel, une forme mâle et une forme femelle. Ces deux formes se reconnaissent comme appartenant à une même espèce pour des fins de reproduction.
On observe dans la nature plusieurs modes de reproduction. Chez certains organismes unicellulaires, la reproduction se fait par division en deux parties ou scissiparité (ex. l’amibe). Chez d’autres, on assiste à une sorte d’échange ou mise en commun (ou conjugaison) des chromosomes (ex. la paramécie). On ne parle pas de mâle ni de femelle chez ces organismes unicellulaires. Enfin, on rencontre d’autres organismes qui pratiquent la fécondation, externe ou interne, selon les espèces. C’est chez ces organismes que l’on observe le phénomène de dimorphisme sexuel, c’est-à-dire que les espèces sont représentées par deux formes, une mâle et une femelle, le plus souvent morphologiquement, physiologiquement et génétiquement différentes.
Comment expliquer l’apparition de ces deux formes au sein des espèces à reproduction croisée ? Chaque espèce a, selon la théorie de l’évolution, évolué à partir d’une espèce ancestrale moins évoluée, primitive. L’ancêtre des espèces à reproduction sexuée était-il unisexué mâle, unisexuée femelle ou asexué ? Était-il bisexué (hermaphrodite) ou constitué dès le départ d’une population mâle et d’une population femelle ? Dans ce dernier cas, quelle population est apparue la première ? Comment ces deux populations ont-elles pu évoluer ensemble pour garder la cohésion et l’identité de l’espèce ? Ces questions sont généralement laissées en suspens car elles ne peuvent trouver de réponse logique dans le cadre strict de l’orthodoxie évolutionniste. Aucune hypothèse évolutionniste (coévolution, évolution parallèle) ne fournit une réponse suffisante pour expliquer l’origine du mâle et de la femelle d’une espèce à reproduction sexuée donnée.
En effet, quand on jette un regard critique sur le monde animal qui nous entoure, on finit par relever des évidences troublantes qui sont en contraction avec les notions apprises depuis de nombreuses années dans le cadre du cours d’évolution. Selon la théorie évolutionniste, le monde qui nous entoure est le produit de l’évolution au hasard, non orientée (ou sélection naturelle), à partir d’un ancêtre hypothétique commun. Cette théorie suppose l’existence de milliers d’organismes intermédiaires, primitifs, qui ont dû vivre sur la terre pendant de longues périodes (estimées en millions d’années). Cependant, la perfection et la stabilité atteintes par les organismes encore vivants aujourd’hui et par les organismes fossiles ne laissent aucune place à l’existence de tels organismes intermédiaires ! L’évolutionnisme n’a pas encore fourni une explication convaincante à une des énigmes de la nature : l’existence de dimorphisme sexuel chez les animaux à reproduction sexuée. Ces animaux ont développé de nombreuses et complexes stratégies pour se reproduire. En effet, pour se reproduire, les individus mâles et femelles d’une espèce doivent d’abord se reconnaître en tant que partenaires (première reconnaissance). Cette reconnaissance peut être peu raffinée, instinctive. Par exemple, chez les organismes à fécondation externe, cette reconnaissance peut se limiter au fait de se retrouver dans une aire de reproduction où les femelles et les mâles libèrent dans l’eau leurs produits génitaux (ovules et spermatozoïdes) pour augmenter les chances de ces derniers de se rencontrer et de se féconder. C’est le mode de reproduction d’organismes aquatiques tels que les étoiles de mer, les oursins et des milliers d’autres organismes qui peuplent les lacs, les fleuves et les mers. Quel que soit le nombre d’espèces qui fréquentent une aire donnée, les milliers de spermatozoïdes libérés par une espèce ne fécondent jamais les ovules d’une autre espèce. C’est une «deuxième reconnaissance ». Cette dernière permet sans nul doute la préservation de l’identité de l’espèce. Chez les organismes à fécondation interne, les choses se compliquent encore davantage. Si la vie et la survie des produits génitaux est largement garantie dans les voies génitales des partenaires, elle est par contre rendue plus difficile pour les mâles ou les femelles :
1. La recherche du partenaire : elle se fait par la vue, la bioluminescence, la voix, le son, le cri ou la production d’un bruit (chants d’amour) ou d’une substance odorante spécifique, la parure, etc. ;
2. La reconnaissance et l’acceptation du partenaire mâle ou femelle : chez certains animaux, les mâles ont développé des mécanismes pour se faire reconnaître et se faire accepter par leurs femelles. Si le rituel d’approche n’est pas reconnu par la femelle, le mâle est tout simplement chassé ou tué par la femelle (comme chez certaines femelles d’araignées qui peuvent dévorer le mâle s’il n’a pas réussi à se faire reconnaître ou accepter);
3. La conformation des organes génitaux mâles et femelles : après la reconnaissance des partenaires, les organes génitaux doivent s’ajuster l’un à l’autre de telle sorte que l’organe génital mâle soit capable de pénétrer l’organe génital femelle pour y déposer les spermatozoïdes. S’ils ne sont pas conformes, il n’y aura pas copulation, donc pas de reproduction et par conséquent pas de perpétuation de l’espèce ! La conformation des organes génitaux est une de grandes barrières interspécifiques ;
4. La durée de vie des ovules et des spermatozoïdes : Les ovules, une fois libérés de leur site de formation, ont une durée de vie limitée. De même, les spermatozoïdes, quoique émis en très grand nombre, n’ont pas non plus une durée de vie illimitée. Le temps de vie «libre» des ovules et des spermatozoïdes varie d’une espèce à l’autre. Le partenaire femelle doit libérer un ou plusieurs ovules dans la période des chaleurs du partenaire mâle afin d’augmenter leurs chances de fécondation. Cette différence dans la période des chaleurs explique le fait que des espèces assez proches ne se reproduisent pas librement dans la nature;
5. Une physiologie particulière chez les femelles pondeuses d’œufs : leur organe génital doit être équipé pour produire une coquille renfermant toutes les réserves de nourriture nécessaires au développement de l’embryon;
6. La garde et l’incubation des œufs pondus : le couple ou l’un des partenaires (généralement la femelle) doit s’arranger pour garder les œufs fécondés à une bonne température (incubation) et les protéger (ex. les femelles de certaines tortues aquatiques doivent effectuer un long voyage, au risque de leur vie, pour aller pondre et enfouir leurs œufs dans du sable sur la terre ferme, certains serpents s’enroulent au dessus de leurs œufs et les oiseaux couvent leurs œufs) ;
7. La viviparité impose un appareil génital très complexe : chez les animaux dont les œufs fécondés se développent dans l’organe génital de la femelle, l’embryon se développe dans une poche spéciale reliée à la mère par des milliers de connexions afin d’assurer une croissance optimale du fœtus ;
8. L’équipement hormonal des mâles et des femelles contrôle tout le processus de ces opérations (1 à 7) : les hormones impliquées dans tout le processus de reproduction sont spécifiques, donc propres à chaque espèce. Elles sont sous le contrôle direct du cerveau, organe d’une complexité inouïe.
On peut allonger cette liste. Mais considérons seulement ces 8 points. Comment a dû se faire l’évolution du mâle et de la femelle de ces espèces ? Puisque ce sont deux formes différentes, le bon sens nous oblige à croire que chaque forme a dû évoluer séparément. Admettons qu’ils aient évolué ensemble, parallèlement, on ne peut pas imaginer qu’un processus d’évolution aveugle (non orienté), par sélection naturelle, ait pu aboutir à la réalisation du dimorphisme sexuel parfait tel que nous l’observons dans la nature. On n’observe nulle part dans la nature des organismes qui présentent des modes de reproduction intermédiaires ou imparfaits. Ceux qui se reproduisent par voie sexuée l’accomplissent toujours par des mécanismes parfaitement rodés. La complexité de ces mécanismes ne laisse aucune place à un résultat au hasard comme la théorie de l’évolution a tenté de le faire accepter. Par contre, elle soutient et confirme la plausibilité du modèle proposé par la science créationniste d’un monde créé par un Dieu omnipotent et omniscient tel que le proclame le livre de Genèse (Genèse 1.20-22 et 24-25).
Références
La Sainte-Bible, version Louis Segond, avec les commentaires de C.I. Scofield et guide d’étude biblique; 1967.-Société biblique de Genève.
Catton, C. and Gray, J., 1985.- Sex in nature. Facts On File Publications, New York.
Daly, M. and Wilson, M., 1983.- Sex, Evolution and behaviour. Grant, W.P., USA.
Gallien, L., 1973.- Différenciation et organogenèse sexuelle chez les Métazoaires. Masson, Paris.
Gurdon, J.B., 1974.- The control of gene expression in animal development. Clanderon Press, Oxford.
Krebs, J.R. and Davis, N.B., 1981.- An introduction to Behavioural Ecology. Blackwell, New York.
Le Moigne, A., 1989.- Biologie du développement. Éd. Masson, Paris.
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